En un an, le nombre de télétravailleurs a grossi de 700 000, selon une étude publiée par Malakoff Médéric – Humanis. Les télétravailleurs représentent ainsi 5,2 millions de personnes. Le télétravail se démocratise et c’est une bonne nouvelle. Pour les salariés, les entreprises… mais surtout pour les acteurs de l’Economie Sociale et Solidaire !
Le télétravail se démocratise. Facilité par la réglementation de 2017, le télétravail contractuel et non contractualisé est une réalité pour environ 25 % des salariés en France. Ce nouveau mode de travail séduit de plus en plus entreprises et salariés. Il présente en effet de nombreux avantages pour chaque partie prenante. Je parle en connaissance de cause, puisque voilà maintenant (déjà) près de 5 ans que je suis en télétravail depuis Toulouse !
Même si je pense que cette solution n’est pas adaptée à tous (je l’évoquerai dans un prochain article), le télétravail peut représenter selon moi une belle opportunité pour les acteurs de l’ESS au contexte si particulier. Voici brièvement pourquoi en 5 points.
Un mode de travail en cohérence avec les valeurs de l’ESS
Le télétravail apparaît comme une forme d’organisation en totale cohérence avec les valeurs prônées par les acteurs solidaires et ce sur divers plans. Sur le plan environnemental d’abord : le télétravail permet d’améliorer votre empreinte écologique. Le travail à distance permet notamment de réduire les déplacements, réduire la consommation de carburant, ou encore la consommation électrique…
Une récente étude a prouvé que si les Américains pratiquaient le home-office un jour par semaine, le pays économiserait pas de 20 milliards de litres de pétrole par an. Ce qui représente pas moins de 45 millions de tonnes de CO2 en moins dispersées dans l’atmosphère.
Sur le plan sociétal au delà de la concrétisation de notions et valeurs fortes comme la confiance, le bien être, l’équilibre personnel,… le télétravail permet aussi de maintenir dans l’emploi des travailleurs en difficulté comme par exemple des personnes en situation de handicap. Il permet en effet à ces personnes de travailler avec une fatigue compatible avec leur état de santé, d’aménager leur horaires de travail ou simplement de limiter leurs déplacements.
Le saviez-vous ? Le #télétravail peut permettre au collaborateur en situation de #handicap d’organiser son activité professionnelle en fonction de son état de santé. Rencontre avec John, salarié @MalakoffMH en situation de handicap qui pratique le télétravail. pic.twitter.com/chFksDPs80
— MalakoffMédéricHumanisHandi (@MalakoffMHhandi) 1 mars 2019
Un management en phase avec « l’engagement »
Toujours en lien avec les valeurs, le télétravail permet une certaine souplesse dans le mode de management et repose sur une confiance mutuelle entre employeur et salarié. Souvent pour « s’abandonner » à ce type de management, les entreprises et particulièrement les plus grandes, sont contraintes de faire un énorme travail sur leur propre culture d’entreprise.
Il s’agit de quitter une forme de management hiérarchique traditionnel pour aller vers une culture » de la confiance, de l’autonomie et de la responsabilisation des salariés. En d’autres termes elles se retrouvent à devoir développer l’engagement des collaborateurs. L’engagement ? C’est justement le point fort des acteurs de l’économie sociale et solidaire ! (Lire aussi : Oui ! Les associations sont une chance pour les start-ups).
Généralement, la mobilisation des acteurs dans le milieu associatif (en particulier les bénévoles), est plus forte que dans les entreprises, car ils sont motivés par un projet qu’ils connaissent, une cause qu’ils partagent et les touchent. Le partage de cette valeur , de ce fameux « sens », est un élément constitutif fort de l’engagement. Les acteurs de l’ESS se retrouvent ainsi finalement avec un temps d’avance sur les entreprises classiques pour accueillir ces nouvelles formes d’organisation du travail.
Une réduction des coûts
Le télétravail est un bon moyen d’optimiser les coûts de l’entreprise. Et les associations et fondations, comme toute entreprise classique, doivent couvrir un certain nombre de frais pour accomplir leur objet social. C’est un fait ! Dans un contexte où les frais de fonctionnement d’une structure non-lucrative font souvent (pour moi injustement) débat, le télétravail est un avantage non négligeable.
Economie sur la surface des locaux (particulièrement importante dans les grandes villes), sur le chauffage, les fournitures de bureaux, machine à café, société de ménage… Au-delà de l’équipement on peut également souligner les économies liées indirectement à la réduction du turnover et aux nouvelles embauches.
3 à 6 mois de salaires : c’est le coût moyen de remplacement d’un salarié ayant quitté l’entreprise. Il pourrait même aller jusqu’à neuf mois en y incluant le coût de la période de formation du nouveau collaborateur !
Un avantage salariale accessible
Je ne vous apprends rien si je vous dis que généralement les rémunérations dans le secteur associatif y sont plus faibles que dans le secteur marchand, mais aussi moins dynamiques. Une étude Deloitte de 2014 montre que les écarts existent dès le bas de l’échelle (les plus bas salaires sont inférieurs de 6 % à ceux du secteur marchand) et se creusent avec la montée en responsabilité. Ainsi, un directeur général du secteur associatif gagnera 33 % de moins que dans le secteur marchand (où le salaire médian est de 113 126 € annuels). « Cela montre que plus on monte en grade et donc en salaire, plus les salariés du secteur non-profit font un ’’sacrifice’’ par rapport à leurs homologues du secteur marchand, » analyse Philippe Burger Associé Capital Humain chez Deloitte.
A défaut de pouvoir s’aligner sur les prix du marché du travail, les acteurs associatifs doivent pouvoir mettre en avant d’autres avantages auxquels seront sensibles les salariés. Et c’est là que le télétravail est intéressant. Car c’est un moyen simple et accessible à toutes les bourses, d’attirer des talents demandeurs de plus de flexibilité, et particulièrement les plus jeunes.
Les Millennials ont vu leurs parents travailler dur et certains dédier leur vie au bureau, et ils ne veulent plus ça. Le fait d’avoir la possibilité de travailler à distance s’ils le souhaitent, d’être sur une relation de confiance induite par le télétravail, les motive particulièrement. Avec cette nouvelle génération, l’heure n’est plus à la relation de subordination, mais à la coopération.
A noter : d’un point de vue personnel, les télétravailleurs reconnaissent que cette pratique contribue à un meilleur équilibre vie professionnelle/vie personnelle (85 %), une baisse de la fatigue (85 %), des économies financières (84 %) ou encore une opportunité pour une pratique sportive régulière (64 %).
Une meilleur image pour attirer des talents
Le premier bénéfice du télétravail pour l’employeur est l’amélioration de son image. Le travail à distance permettrait en effet à 68% d’obtenir une meilleure image de l’entreprise (selon l’étude Malakoff Médéric). Il vous permet de positionner votre organisation comme moderne. En s’affichant comme soucieuse du bien être de ses salariés, tout en offrant une plus grande liberté dans son activité. D’apparaître engagée en réduisant son empreinte environnementale. Ou encore de se montrer au fait des enjeux liés à la numérisation de l’organisation du travail tout en défendant un culture d’entreprise basée sur la confiance.
Quelques éléments qui peuvent faire la différence pour attirer de nouveaux talents. Quand on sait que par exemple seulement 12% des salariés française se déclarent satisfaits par l’équilibre pro-perso, et que les acteurs solidaires ne peuvent pas toujours offrir une rémunération alignée sur celle du marché, c’est une véritable carte à jouer pour attirer de nouveaux talents !
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