« La réussite appartient à ceux qui se lèvent tôt » à en croire Hal Elrod, l’auteur du livre à succès « Miracle Morning ». Cela ne vous a pas échappé, beaucoup de dirigeants ont une « morning routine ». Une forme d’organisation qui permettrait d’être plus performant et épanoui. Mais cette quête perpétuelle de performance est-elle vraiment source de bonheur ?
Une simple « morning routine » nous rendrait à la fois plus performant et épanoui ? L’idée est plus que séduisante ! (Sauf peut-être pour les accros des grasses mat’…) J’ai voulu me faire mon propre avis en lisant Miracle Morning de Hal Erod. Même si sans le savoir j’avais déjà adopté moi aussi ma propre routine matinale…
Tout a simplement commencé par l’acquisition d’un chat. Voilà plus de 2 ans 1/2 que Joey, (la bête donc), en entrant dans ma vie a bousculé mes habitudes d’oiseau de nuit. Quand vous êtes systématiquement réveillée à 6h du mat’ par des « ronrons », autant mettre à profit ce temps libre pour quelque chose d’utile n’est-ce pas ?
Quelle est cette « morning routine » ? En bref : de la méditation, quelques exercices, un peu de temps à la lecture et / ou l’écriture, et enfin quelques actions à accomplir selon mes priorités et objectifs perso. Des choses très simples et accessibles à tous finalement. Je ne sais pas si cela m’a rendue meilleure, plus performante, mais ce qui est sur c’est que je suis depuis moins furax contre mon chat 😉
Le club très prisé des 5%
La lecture de « Miracle Morning » lm’a donc conforté finalement dans ma routine, même si celle de Hal est bien plus précise et reliée à une méthode de développement personnel. Retenez les « SAVERS » :
-
- Silence : il s’agit de maîtriser notre conscience et réduire notre stress en méditant, priant, respirant, réfléchissant…
- Affirmation : il faut répéter à voix haute, écrire, imaginer, des affirmations sur la personne que nous voulons devenir
- Visualisation : cela consiste à imaginer ce que nous voulons devenir et de nous imaginer en train de l’accomplir
- Exercice : des exercices physiques, de sport, que ce soit en marchant, en courant, en faisant des exercices chez soi ou en allant dans une salle de sport
- Lecture : afin d’acquérir des connaissances Hal recommande de lire chaque matin quelques pages d’un livre de non fiction
- Ecrire : tenir un journal et y écrire chaque matin nos idées, nos projets, ce pourquoi nous sommes reconnaissant, ce qui nous rends heureux
Le parcours d’Hal Elrod est remarquable. Dès les premières pages, son histoire vous invite à vous dépasser. Ce « mieux » passe avant tout par une réelle exigence et un soucis de performance. L’auteur nous explique à travers cette méthode et son expérience que si nous avons un rêve, une ambition, c’est possible il faut simplement y dédier du temps, de l’énergie et y croire.
Un message plutôt positif. Pourtant, personnellement quelques éléments m’ont dérangé à la lecture de ce livre et j’ai été surprise de ne pas plus le voir partagé dans les critiques. Car toute la pensée d’Hal Elrod repose sur votre envie (capacité ?) à vouloir appartenir au club des 5%…
Les 5% de ceux qui veulent vraiment réussir et vivre pleinement leur vie. Les 95% restants étant donc considérés comme « des moutons » ayant je cite « une vie médiocre ». De plus, culturellement, son approche de la réussite est beaucoup trop assimilée au mode de vie américain où la recherche de performance prime sur tout et où tout ce que l’on fait, dit, vend, donne, doit être mesuré et comparé au voisin. Il est question ainsi je cite « d’autodétermination extrême » dans cette quête de réussite.
Quelle pression ! On me vendait bien-être, bonheur, épanouissement personnel…et je m’en sens si loin à la lecture de Miracle Morning. Mais peut-être devrions-nous alors commencer par nous entendre sur la définition du bonheur et de la réussite ?
La performance, levier du bonheur ?
La performance est généralement associée au succès, à la réussite, mais quand est-il du bonheur ? Nous vivons dans une société où nous sommes invités en permanence à être très exigent envers nous même pour être plus productif, plus efficace, plus beau, plus jeune, plus maigre, plus sportif, plus healthy… Vous avez mille et une appli’ à disposition pour vous évaluer, vous mesurer..
Oui la performance semble être un référentiel fort aussi bien dans notre vie professionnelle que personnelle. La société a formulé elle même des standards de réussite, autrement dit de performance qu’il faut atteindre coûte que coûte pour être heureux : avoir une famille, une carrière exaltante, un patrimoine riche, un corps et un esprit saint.. pour n’en citer que quelques uns.
Ce culte de la performance, mais aussi du pouvoir (parfois de l’ordre du contrôle sur soi) et de l’argent sont érigés comme des marqueurs de réussite et des paramètres du bonheur. Et si vous déviez de ces trajectoires, vous semblez très vite (au regard de la société) sur la voie du club des 95%…
Les réseaux sociaux ont largement contribué à renforcer cette pression : nous passons le plus clair de notre temps à nous observer, à nous challenger par rapport à l’autre. Vous êtes ce que vous affichez… Pourtant les images véhiculées, les medias, la publicité nous proposent des modèles du bonheur qui flirtent plus avec l’avoir que l’être. Alors que faire ? Décupler d’efforts pour se dépasser ? (Ce qui peut-être une grande source de satisfaction, et donc de bonheur). Ou simplement lever le pied, prendre du recul pour se recentrer sur soi et ce qui nous rend vraiment heureux et fait sens pour nous indépendamment des modèles proposés ?
Préférez la bienveillance à la performance
Appliquons cela au monde du travail. L’expérience des « burnout », phénomène d’épuisement professionnel, drivé par ce culte de la performance et de la productivité est un bel exemple pour montrer les limites de cette exigence qui ne vous conduit pas au bonheur mais peut, bien au contraire, vous détruire des mois voir des années.
Les 4 sujets d’inquiétude des Français au #travail (étude @opinionway) https://t.co/nzHbK8vFiY #stress #burnout #harcèlement #discrimination #robots #futureofwork pic.twitter.com/jGHgAAxGnr
— humeaning (@humeaning) 16 janvier 2018
Ce phénomène a amené beaucoup d’organisation à revoir leur politique de QVT (Qualité de Vie au Travail), mais malheureusement sans pour autant se questionner en profondeur. On a vu ainsi se déployer des actions « cosmétiques » et faciles à mettre œuvre pour renforcer cette image du « bonheur au travail », cette « tyranie du cool » à tout prix.
Des postes de « chief happiness officer » fleurir, pour garantir une forme de bien être en entreprise sans même se pencher au préalable sur ce qui pouvait être à la source du mal être des collaborateurs. Car du baby-foot au burn-out il n’y a parfois qu’un pas. Ce type de poste et toutes les actions autour n’ont en effet de sens que si les pratiques managériales sont alignées, et si la culture et les valeurs de l’entreprise reflètent une forme de bienveillance, réelle, sincère et partagée. Autrement nous sommes bien dans du « happiness washing ».
Incarner et exprimer ses valeurs…
« La bienveillance » n’est ni un concept managérial, ni un concept organisationnel, mais un engagement de soi vis-à-vis de l’autre. Elle vise à privilégier le positif sur le négatif, et le potentiel sur les manques inhérents à l’individu. De manière à ce que chacun puisse se réaliser et développer son potentiel. (Il n’y a plus ici un club des 5% talentueux d’un côté, et 95% de médiocres de l’autre).
Cette bienveillance peut s’exprimer et s’incarner de différentes manières. L’écoute, le respect pour créer un sentiment de sécurité. Le sens, la considération, pour faire adhérer et susciter l’envie et l’enthousiasme. La solidarité pour favoriser un lien social fort par exemple.
Pourquoi c’est important ? Parce que tout cela participe à créer une forme de connexion émotionnelle à l’entreprise, d’engagement réciproque. Un climat favorable pour révéler des talents et le potentiel de chacun au service d’un objectif partagé. Car c’est en étant responsabilisé, écouté, respecté et donc épanoui que n’importe quel individu quelque soit son niveau et prêt à donner le meilleur de lui-même n’est-ce pas ?